6 conseils pour faire accepter les aides extérieures à son·sa proche

“Ma mère pense encore être autonome et refuse toute aide autre que la mienne. Quelle attitude dois-je adopter ? Je suis épuisée.” demandait Jocelaine sur le groupe Facebook des Freds. De votre côté aussi votre proche résiste à l’idée de se faire aider par des personnes extérieures ? On a demandé à une experte et d’autres Freds déjà passé·es par là leurs bonnes pratiques pour ne pas rompre le dialogue et faire cheminer l’idée.

Déni, peur, honte… Des sentiments qui peuvent bloquer votre proche

Différentes raisons peuvent expliquer son refus de se faire aider par quelqu’un d’extérieur : 

  • Tout d’abord, il y a une question d’estime de soi. “Ce n’est pas facile de dépendre d’un·e tiers. Cela signifie accepter sa perte d’autonomie et les difficultés à faire face au quotidien. En effet, “s’occuper de sa maison” est quelque chose qui permet de se sentir compétent·e, et constitue en ce sens un repère de gestes effectués toute sa vie. Admettre que l’on a besoin d’aide sur ce sujet peut être vécu comme une sorte d’infantilisation. On peut se sentir dépossédé·e de sa vie et avoir honte” explique Maïté Fontaine, psychologue spécialisée sur les sujets de l’aidance.

  • Ensuite, faire venir une aide extérieure c’est aussi accepter que quelqu’un rentre un peu dans son intimité et on peut naturellement avoir peur de l’inconnu. C’était notamment le cas pour la mère de Marie-France : “En en discutant, elle m’a dit que c’était ça qui la dérangeait le plus comme elle est très pudique.

  • Enfin, autre aspect important, notamment pour les personnes atteintes de troubles cognitifs : la méconnaissance ou le déni de leur besoin d’aide. “J’ai vu certaines personnes vivre dans un capharnaüm pas possible et dire en toute tranquillité, qu’elles sont en train de faire un peu de rangement. Ou bien prétendre qu’elles se font leurs repas normalement alors que la cuisine est visiblement inutilisable du fait d’un encombrement de la pièce” poursuit Maïté Fontaine. 

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6 conseils pour faire cheminer l’idée dans la tête de votre proche

Bien que votre proche reste la seule personne décisionnaire légalement (sauf en cas de tutelle par exemple), certaines astuces peuvent vous aider à dialoguer ensemble et faire pencher la balance : 
 

#1 - Être vous-même en accord avec cette décision

Vous voir serein·e
quant aux actions à mettre en place donnera confiance à votre proche. Comme le dit la psychologue Maïté Fontaine, “On est un petit peu comme un sachet de thé quand on est aidant·e : si mon proche me voit enjoué·e vis-à-vis de quelque chose, on va lui transmettre ce dynamisme”.

💡 Notre conseil ? Faire un tableau de ce que vous souhaitez continuer à faire pour l’épauler ou au contraire ce que vous souhaitez déléguer pour y voir plus clair sur vos besoins.

#2 - Être à l’écoute et reconnaître ses craintes

L’idée ? Comprendre ce qui se cache derrière la résistance de la personne. Pour cela, n’hésitez pas à lui poser des questions pour creuser ce qui la gêne/dérange. Est-ce la peur de vous perdre ? Une crainte de maltraitance ? De la méfiance ? De la fierté ? De la honte ?

Vous pouvez également reformuler ce que vous avez entendu et lui demander si c’est bien ce qu’elle souhaitait dire. Dans la même idée, des phrases comme “C’est vrai, je peux comprendre que ce ne soit pas facile” ou “Oui tu as raison, c’est pour cela que c’est important de trouver la bonne personne qui nous rassure toute les deux, car moi aussi je n’ai pas envie de quelqu’un qui….” vont permettre de montrer que son avis compte et que vous la comprenez. En effet, plus on s’oppose en contredisant la personne (par exemple en disant “Mais non, tu vas voir.”), plus on risque de renforcer son refus.

Ce qui peut vous aider en plus : notre article sur la Communication Non Violente juste là. On y partage des exemples concrets de formulations pour apaiser les tensions et éviter que les discussions tournent au vinaigre.  

#3 -  Présenter l’aide comme étant utile pour vous plutôt que pour elle

Par exemple, vous pouvez lui dire “J’ai besoin d’aide pour faire le ménage.” ou “Je me fais moins de souci pour toi lorsque tu n’es pas seul·e à la maison.”. De cette manière, vous lui faites comprendre que l’aide à domicile vous permettra de vous reposer un peu et de pouvoir ensuite passer des moments précieux ensemble.


C’est ce qu’a fait Viviane auprès de son papa et cela a porté ses fruits : “Je lui ai expliqué que j’avais de grosses douleurs au dos, que l’aide à domicile me permettrait de me requinquer et qu’ensuite j’allais pouvoir passer le voir davantage pour faire les jeux qu’il aime. Il était ravi de savoir qu’on allait pouvoir refaire des activités plaisantes !

Même son de cloche pour Pascal : “ma conjointe avait du mal à concevoir que je puisse avoir besoin d’aide pour l’épauler. J’ai donc établi une liste complète des tâches et responsabilités que j’avais pour lui faire comprendre l’ampleur de mon rôle. Ça lui a fait l’effet d’un déclic.

#4 - S’appuyer sur l’avis d’un·e tiers

En expliquant à votre proche que l’aide à domicile est une recommandation du médecin / personnel soignant, vous déplacez la décision sur une personne neutre. “Mon mari n’était pas partant pour la toilette à domicile par des infirmier·es, mais suite à de nombreuses chutes et hospitalisations, le médecin chef du service l’a prescrit et a trouvé les mots pour le convaincre.” souligne par exemple Anny.

C’est également l’astuce choisie par Sylvain au sujet de son frère : “Le médecin, l’infirmière et les pompiers qui venaient régulièrement le relever ont été d’une grande aide pour lui faire comprendre.”.

#5 - Expliquer les bénéfices apportés par les services à domicile


Voir de nouvelles têtes, rester chez lui·elle le plus longtemps possible, pouvoir manger ses plats préférés cuisinés avec soin… N’hésitez pas à exposer les avantages concrets qu’une aide extérieure va pouvoir apporter dans la vie quotidienne de votre proche. 

De cette manière, il·elle se focalisera sur les aspects positifs et sera plus enclin·e à accepter.

#6 - Présenter le service comme un essai en commençant graduellement 

Vous pouvez démarrer par quelques heures par semaine par exemple pour montrer qu’il s’agit d’un test. En faisant cela, vous lui montrez qu’il·elle aura son mot à dire. “On a commencé doucement par 1 matinée en accueil de jour pour Papa puis 2 puis 3. Finalement il s’éclate et en redemande.” détaille Josie. 

Autre astuce qui a fait ses preuves auprès de nombreux·ses aidant·es : être présent·e lors des premières interventions de l’aide à domicile pour faciliter le lien.

BON À SAVOIR

On vous conseille d’en discuter bien en amont pour laisser à la personne aidée le temps de faire ce cheminement. Ensuite, n’hésitez pas à en parler autour de vous, à échanger avec d’autres aidant·es (par exemple via les groupes Bonjour Fred) pour partager votre expérience et débloquer certaines situations. 

Pour aller plus loin :

  • Ça y est, votre proche a pris la décision d’accepter les aides extérieures. Vient maintenant une autre réflexion de votre côté : comment choisir le bon organisme ou la bonne personne pour l’accompagner ? Dans notre article juste ici, on vous partage 3 conseils concrets pour trouver la solution la plus adaptée.
  • Comme on le disait précédemment, la perte d’autonomie d’un.e proche peut déclencher des réactions de déni plus ou moins violentes. Dans notre épisode de podcast, “Jusqu’où le déni peut mener”, le spécialiste Bertrand Boudin explique d’où vient ce mécanisme et comment réagir si vous y êtes confronté·e en tant qu’aidant·e.

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