Comment affronter la méchanceté de son proche ?

Les conseils d’autres aidant·es pour mieux gérer l’agressivité de son proche.

Mots blessants, manque de reconnaissance, pression... Quand on aide un·e proche en perte d’autonomie, cela peut parfois tourner au vinaigre. Voir quelqu’un, jusqu’à alors doux et bienveillant devenir hostile voire agressif du fait de la maladie ou de l’avancée en âge peut être déroutant et frustrant pour l’entourage. Comment expliquer ces épisodes d’agressivité ? Et quelles stratégies mettre en place pour y faire face ? On vous partage les conseils d’expert·es et d’autres personnes déjà par là.

Comment expliquer ces changements de comportements ?

Quand je me prends des insultes en pleine tête alors que j’aide Papa depuis des années et que j’ai sacrifié beaucoup de choses pour lui, je trouve ça tellement injuste. Ça me rend très triste” raconte Françoise, une Fred de la communauté. “C’est injuste c’est sûr, mais je pense qu’il ne faut pas le prendre personnellement. Il me semble aussi que notre rôle d’aidant·e leur renvoie en plein visage leur perte d’autonomie” complète Danièle. 

Quand la colère apparaît chez une personne âgée de manière inattendue, plusieurs causes peuvent se cacher derrière. Comme le souligne Danièle, cela peut être lié à un sentiment d’impuissance du proche face à la fatalité de sa perte d’autonomie, une manière pour lui·elle de reprendre le contrôle face à la dépendance. Il peut également s’agir d’une façon de communiquer une forme de mal-être (douleur, angoisse, anxiété, effet secondaire d’un médicament, difficulté à exprimer sa pensée…). Enfin, cela peut également refléter un trouble cognitif plus grave, comme par exemple la maladie d’Alzheimer.

Le problème ? En tant qu’aidant·e, on se retrouve souvent très démuni·e face à de tels agissements. Résultat : l’envie de s’emporter en retour peut vite arriver. C’est par exemple ce qui est arrivé à Sylvie : “La dernière fois, j’ai acheté des oeufs pour Maman en pensant bien faire. Mais comme elle en avait encore dans son frigo, elle a complètement changé d’attitude. Elle m’a insulté de tous les noms et là pour la première fois de ma vie, étant épuisée et à bout, j’ai eu envie de la gifler. Je ne l’ai pas fait bien sûr mais ça a été très désagréable de le ressentir”. 

Ce sentiment qui a traversé l’esprit de Sylvie fait écho chez vous ? On parle de “fatigue compassionnelle”. Inge Cantegreil, neuropsychiatre explique : “Ce qu’il se passe c’est que l’on n’a plus vraiment de compassion pour l'autre. On sait que la personne est malade, on sait qu’on l’aime mais on ne le ressent plus. On sent une lassitude auprès d’elle, non pas pour ce qu’elle est mais pour la maladie qui nous a changé la vie. Tout cela nous frustre tellement que l’on peut même devenir plus agressif·ve en tant qu’aidant·e ou faire preuve de plus de négligence (par exemple, en ne changeant plus les draps). C’est un sujet tabou mais cela arrive fréquemment. C’est une sonnette d’alarme et il faut agir avant que cela n'empire".

Besoin de répit ?

On a créé un accompagnement gratuit
en ligne
. L'objectif ? Vous partager des solutions concrètes pour vous entourer
afin de prendre des moments pour vous.

Vous aidez un.e proche
au quotidien ?

On a créé un accompagnement (gratuit)
pour faciliter votre quotidien et celui de votre proche tout au long de la journée.

Vous avez atteint les limites
du maintien à domicile ? 

On vous accompagne gratuitement pour trouver un lieu de vie adapté à votre proche et les aides financière adaptées.

4 conseils pour retrouver l’équilibre dans votre relation


#1 - Reconnaître les signes avant coureurs d’un épisode d’agressivité

Au début, j’étais tout le temps surprise du caractère très soudain des sautes d’humeur de mon mari atteint de Parkinson. Au fur et à mesure, j’ai appris à repérer quelques signes précurseurs et ça me permet de me préparer un peu” commente Philippe sur le groupe Facebook des Freds.

Bien que chaque individu réagisse différemment, voici une liste (non-exhaustive) de signaux qui peuvent vous mettre la puce à l’oreille

  • Des changements d’humeurs plus fréquents que la normale
  • Le fait que la personne semble tendue et irritable
  • La modification des habitudes, comme par exemple les heures de repas ou encore l‘absence à des activités récurrentes
  • La modification des interactions avec d’autres individus. La personne a tendance à se replier sur soi ou à ne pas répondre à des questions.
  • Des difficultés à se concentrer 


#2 - Vous octroyer du temps pour vous afin de prendre du recul sur tout cela et de ne pas le voir comme une attaque personnelle

De mon côté, quand la tension commence à monter, je pars une quinzaine de minutes dans le jardin et cela m’apaise” relate Lilou. Même son de cloche chez Benoît : “avec Papa, quand il poussait le bouchon un peu trop loin, je faisais ce que j’appelle du retrait d’attention quelques instants. Je revenais vers lui quand il était calmé”. 

C’est également ce qu’un infirmier avait conseillé à Brigitte : “J'ai été soumise à plusieurs reprises à des comportements difficiles de la part de mon père et je sortais souvent en larmes des visites à la maison de retraite. Un jour, un infirmier a entendu ses insultes et m'a suggéré de sauter la visite du lendemain. Au début, j’ai ignoré son conseil. Puis un matin j’étais à bout et je n'ai tout simplement pas eu la force de venir. Comme je savais qu’il était entre de bonnes mains, je me suis autorisée un jour de congé. À mon retour le lendemain, papa n'avait jamais été aussi doux, comme s’il avait senti qu’il avait dépassé la ligne”. Comme cet exemple le souligne très bien, un mélange d’obligation et de culpabilité peuvent nous ronger dans ces moments-là.

Pourtant pour éviter que la situation ne s’envenime, apprendre à fixer vos limites, vous détacher un peu et prendre du temps pour vous sont essentiels. À la fois pour votre propre bien-être mais aussi car cela vous permettra ensuite de mieux accompagner votre proche. Ce qui peut vous aider en plus : des exercices de méditation afin de prévenir les situations où la colère prend le dessus. Vous pouvez jeter un coup d'œil à notre article dédié sur le sujet par ici.

BON À SAVOIR

#3 - Vous mettre dans les bottes de l’aidé·e afin de mieux communiquer avec lui·elle


Quand je commence à m'énerver suite à des remarques inappropriées de Maman, je vais dans une autre pièce souffler un bon coup (et lui laisser le temps à elle aussi de se calmer) puis je reviens pour essayer de lui faire comprendre mon ressenti. Je relativise en me disant que ce n’est pas facile pour elle non plus” précise Martine.

Même si cela n’est pas toujours facile, la communication est clef pour apaiser les tensions. Vous pouvez par exemple reformuler les propos de votre proche pour confirmer ses inquiétudes ou ses peurs. Cela lui montrera que vous êtes là pour lui·elle. “C’est parfois très dur mais il faut essayer de garder à l’esprit que les personnes âgées les plus méchantes sont souvent celles qui ont le plus besoin de présence et d’affection” raconte Daphné qui accompagne sa sœur depuis près de 5 ans.

Sur ce point, les principes de la Communication Non Violente peuvent vous être d’une grande aide. En effet, cette méthode repose sur l’idée que le même message sera perçu différemment selon les tournures de phrases et les mots que l’on utilise. Là aussi, vous pouvez découvrir notre article dédié juste là.


#4 - Faire appel à des aides extérieures


Autre solution pour équilibrer la relation d’aide avec votre proche : vous entourer. En effet, il existe tout un tas d’options pour faciliter le quotidien. Entretien du logement et du linge, aide au lever et au coucher, aide à la toilette, aide aux courses, à la préparation et à la prise de repas, gardes de nuit, travaux de bricolage… Peu importe le besoin, des professionnel·les peuvent prendre le relai pour que tout se passe pour le mieux. En plus d’offrir à votre proche une interaction sociale précieuse, vous aurez une pause bien méritée. 


Depuis que j’ai appris à déléguer et à faire preuve de bienveillance envers moi-même, cela m’a permis de me souvenir de mes bons moments avec Maman et ça c’est précieux. J’ai compris qu’en tant qu’aidant·e on ne peut pas tout résoudre. Je sens que je vais mieux, j’arrive davantage à relativiser, je prends du recul sur les insultes et maintenant ça peut même me faire rire et je reste dans un discours positif” conclut Sylvie.


Pour aller plus loin 

  • Notre parcours d’accompagnement gratuit en ligne “S’entourer pour prendre du répit: des solutions concrètes pour être soutenu·e et relayé·e auprès de votre proche afin de trouver un équilibre dans votre relation d’aide. C’est par ici pour le découvrir
  • Notre article truffé de recommandations pour choisir le bon service d’aide pour votre proche. Vous pouvez y jeter un coup d’oeil en cliquant par là
  • Vous avez besoin de vider votre sac ? Pour cela, il existe des numéros qui peuvent vous offrir une oreille attentive. Chez Bonjour Fred, on conseille souvent l’association Avec nos proches. Si vous voulez en savoir plus, c’est dans notre article dédié.

À LIRE