Comment accompagner un·e proche en EHPAD ?

Comment choisir le bon établissement pour son proche ? Comment faire pour que la transition se fasse en douceur ? Et comment continuer à l’épauler ? Autant de questions que l’on se pose lorsque l’on prépare (ou que l’on envisage sérieusement) le déménagement de son proche en maisons médicalisées. Des premiers jours à l’après, voici les conseils avisés de celles et ceux qui sont déjà passé·es par là.

“Maisons de retraite” / “EHPAD” :
des termes qui peuvent faire peur

“Ma mère va bientôt faire son entrée en EHPAD. J’aurais voulu la garder à la maison, mais ce n'était plus possible. En plus d’une culpabilité qui me ronge, je suis réellement inquiet pour elle. J’ai lu tellement de mauvais avis sur les maisons médicalisées que je me monte la tête” relate Boris.

Comme il le souligne, l’entrée en institution peut être un moment difficile car on peut avoir cette désagréable sensation d’abandonner son proche. Mais ce n’est pas parce qu’on a le sentiment d’abandonner son proche qu’on l’abandonne vraiment. Cela demande beaucoup de courage de confier le bien-être de quelqu’un que l’on aime à des professionnel•les. “Prenez conscience que le danger peut aussi être de le laisser chez lui·elle” raconte Maëlys sur le groupe Facebook des Freds.  

Sur ce sujet, la spécialiste Maïté Fontaine apporte son éclairage : “Il faut avant tout être au clair avec cette distinction et se déculpabiliser. Ce sentiment d’abandon est lié à celui d’être investi·e d’un rôle, d’un devoir vis à vis de ses parents qui nous ont donné la vie ou d’un·e conjoint·e avec qui on a passé de nombreuses années par exemple. C’est aussi protéger son proche que d’accepter ses limites. Il est donc essentiel de relativiser en prenant en compte le fait que l’on gagne en qualité de relation, là où on était épuisé·e, dans l’hyperactivité et l’inquiétude auparavant.

Le meilleur remède pour relativiser et se rassurer ? Se préparer !

Avant l’entrée en institution :
une préparation nécessaire

  • Tout d’abord à votre échelle, cela passe par le fait de vous interroger sur votre propre regard : Quelles sont les représentations/les idées que je me fais de ce qu’est un EHPAD ? Qu’est-ce qui me fait peur dans l’idée d’orienter mon proche vers une structure d’accompagnement ? Être au clair sur ces questions vous permettra d’être serein·e pour lui en parler par la suite. Pour vous faire votre propre avis, aborder le sujet sur des groupes de soutien entre aidant·es (comme les groupes Bonjour Fred) est également une option judicieuse. 

  • Ensuite, il est clef d’ouvrir le dialogue le plus tôt possible avec votre proche et de l’impliquer autant que possible, avant même que la question ne se pose vraiment. C’est souvent cette prise de décision qui lui permet de vivre sereinement cette transition et qui évite le sentiment de culpabilité d’imposer ce choix. “S’il y a bien une chose que j’ai retenu de mon expérience, c’est qu’il faut dire la vérité. Par protection et angoisse, on peut vouloir présenter l’entrée comme étant temporaire. C’est l’erreur que j’ai faite et Maman a eu beaucoup plus de mal à s’intégrer, elle passait son temps à faire sa valise et essayer de partir. Ce n’était confortable ni pour elle ni pour moi qui portait ce douloureux mensonge” détaille Christine.

    Et comment faire si son proche montre de la réticence sur le sujet ? Un·e tiers (par exemple le médecin traitant) ou un·e médiateur·trice peut vous aider et porter la responsabilité de la décision. En effet, il·elle est souvent gage de confiance. Pour Maryline, c’est notamment l’assistance sociale qui a glissé à l’oreille de sa mère qu’elle était très fatiguée et qu’il fallait peut-être envisager un déménagement.

  • Enfin, on vous invite à vous renseigner en faisant des visites et en vous familiarisant avec les établissements pour pouvoir choisir ce qui semble important pour vous et pour votre proche (L’architecture ? L'ambiance ? L’environnement ? Les activités proposées ? La place faite à l’entourage ?). Par exemple, Benoît avait même demandé à participer à quelques animations pour se faire une idée du lieu : “Je suis allé visiter l’EHPAD une fois seul puis avec ma mère. On a même pu participer à un goûter et une sortie organisée par les équipes sur place. La voir discuter avec d’autres personnes m’a tout de suite rassuré sur sa capacité à lier des liens et s’y sentir bien.

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Les premiers jours et l’après : des attentions pour entretenir le lien
 

  • Il est conseillé de créer des repères pour que votre proche se sente à l’aise. Comment ? En décorant son espace avec des effets personnels : par exemple, quelques objets du quotidien, des photos, des vêtements qui feront la continuité avec son ancien “chez lui·elle”. “Lors de l’aménagement de notre tante, ma soeur et moi avons mis sa musique préférée dans sa chambre. Nous l’avons ensuite chantonné ensemble tout en décorant. C’était un bon moment” se souvient Alice.

  • Dans la même idée, être aux côtés de votre proche les premières heures de son arrivée permet de faciliter la transition et de lui permettre de prendre ses marques. Vous pouvez par exemple participer à un repas pour le·la rassurer.

  • Ensuite, au fil des jours soyez présent·e mais pas trop non plus : ne doutez pas de son aptitude à faire face et à s’adapter à sa manière : “Depuis que Maman est à l’EHPAD, elle a repris du poids, elle a retrouvé une joie de vivre, une sociabilité. La voir bien, ça m’a apaisée. Au début j’avais beaucoup de culpabilité d’avoir rompu ma promesse, du coup j’y allais 3 fois dans le semaine, mais j’étais épuisée. J’essayais de compenser mon manque, et avec le temps, c’est passé. Je fais confiance aux professionnel·les et quand je ne peux pas passer, j’appelle” témoigne Christine.

    Lors de vos visites, penser à des petites attentions (amener un plat qu’il·elle apprécie beaucoup, venir avec des albums photos de famille pour se souvenir de bons moments…) sont un vrai plus pour mettre du baume au cœur et garder une complicité.

  • En parallèle, vous pouvez continuer à faire vivre le sentiment d’appartenance : en partageant des photos dans un groupe WhatsApp, en continuant à la faire participer aux événements ou aux décisions par exemple. La bonne nouvelle ? De nombreuses applications existent pour s’envoyer des messages, partager des photos et vidéos mais aussi s’appeler en vidéo. On en parle d’ailleurs dans notre article par ici. La gazette Famileo (une gazette imprimée avec les nouvelles de tout l’entourage) est également très appréciée des Freds. “C’est rigolo à faire car on y met des photos, des anecdotes, des jeux. Et c’est un lien, quand on s’appelle, elle est au courant de nos vies, elle ne se sent pas écartée. Nos échanges sont donc plus agréables" écrit par exemple Nina. 

Préparée, l’entrée en institution peut se faire en douceur. En tout cas, ne perdez pas de vue que beaucoup de personnes s’y adaptent bien et trouvent des avantages (qu’on s’occupe d'elles, se sentir en sécurité, faire de nouvelles rencontres…). 

BON À SAVOIR

Pour aller plus loin 

“Déménagement” rime souvent avec “stressant”. Et quand il s’agit de celui d’un.e proche âgé.e ou fragilisé.e, autant dire que la jauge d’anxiété peut rapidement exploser. Mais pas de panique, Bonjour Fred a dégoté un allié de taille pour vous accompagner dans les démarches : MyJugaad. On en parle dans notre article dédié juste là

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